Article de Frédéric Cazenave, paru sur Le Monde.fr, le 28.10.15
Entre deux conférences, la promotion de ses derniers livres et
la rédaction d’un manifeste, prélude au lancement d’un forum
citoyen, Pierre Rabhi nous a reçus chez lui, à Montchamp, hameau
paisible d’Ardèche. Le paysan-philosophe de 77 ans, chantre de
l’agroécologie, ne se fait guère d’illusion sur l’issue de la COP21 et
appelle à quitter le culte de la croissance indéfinie. L’agroécologie
qu’il défend promeut, entre autres pratiques agricoles, la pluriculture,
le compostage ainsi que la recherche de complémentarité entre espèces,
et
cherche à intégrer l’ensemble des paramètres de gestion écologique de
l’espace cultivé tels qu’une meilleure utilisation de l’eau, la lutte
contre l’érosion, la réintroduction des haies, le reboisement et la
biodiversité.
Dans un mois, les dirigeants de 195 pays se penchent sur le
futur de la planète. Qu’attendez-vous de la Conférence de Paris sur le
climat?
Pierre Rabhi Il ne sortira rien de cette énième grand-messe. J’ai du mal à croire que les changements structurels nécessaires y soient actés. Il faut entrer dans une nouvelle ère, celle de la modération : modération de la consommation et de la production. Les Etats vont-ils décider d’arrêter la pêche industrielle et l’agriculture intensive, et ainsi cesser de piller les océans ou la terre ? Vont-ils réfléchir à un juste partage des ressources entre Nord et Sud ? Je n’y crois pas. Or, il y a urgence, car ce n’est pas la planète qui est en danger mais l’humanité. La Terre, elle, en a vu d’autres. Ce que je reproche à la COP21......
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