La technique, que les professionnels désignent dans ce cas davantage sous le nom de "stimulation hydraulique", consiste aussi à envoyer de l'eau, du sable et des produits chimiques sous pression. "Mais leurs quantités sont très inférieures à celles utilisées pour récupérer des hydrocarbures non conventionnels", assure François Kalaydjian. Surtout, la technique s'emploie de manière très locale, alors qu'il faut fracturer entre quinze et vingt fois le long d'un drain horizontal d'un millier de mètres en moyenne dans le cas des schistes. "Au final, conclut l'expert, le mécanisme physique est le même mais l'ampleur et le but diffèrent."

DEUX OPÉRATIONS DE FRACTURATION SUR DU SCHISTE

Le groupe pétrolier canadien Vermilion, cité par le rapport parlementaire comme ayant mené le maximum d'opérations de fracturation hydraulique dans le Bassin parisien, a ainsi procédé essentiellement à des "stimulations hydrauliques". "Entre 2002 et 2010, nous avons réalisé quinze fracturations pour accroître le taux de production de nos puits de pétrole conventionnel", confirme Jean-Paul Simard, directeur des relations publiques Vermilion Europe. En moyenne, selon l'entreprise, le taux de production s'est vu multiplié par trois dans les puits concernés. Les ONG locales, notamment le collectif Ile-de-France "Non aux gaz et pétrole de schiste", n'ont pas observé de conséquences pour l'environnement.

Deux opérations supplémentaires, en revanche, portent bien sur un gisement de pétrole de schiste localisé dans la roche-mère du Lias (ou Jurassique inférieur), mais elles relèvent davantage de l'expérimentation. En juin 2010, Vermilion a ainsi lancé son programme d'exploration des ressources en huiles et gaz de schiste du Bassin parisien, sur le site de Champotran (Seine-et-Marne), en utilisant deux puits verticaux existants, et non des forages horizontaux comme aux Etats-Unis.

"Dans chacun des puits, nous avons procédé à une fracturation hydraulique pour casser la roche-mère. Le premier n'a rien donné, mais le second puits, lui, nous a permis de récolter une dizaine de barils de pétrole non conventionnel par jour", livre Jean-Pascal Simard. Ce puits, Champotran 29D, dont la production se poursuit à raison de la quantité infime d'UN BARIL PAR JOUR, s'avère le seul en France à produire des hydrocarbures non conventionnels, selon l'Union française des industries pétrolières. L'expérience de la France en la matière ne coule donc pas de source.