Le gaz de schiste ou pétrole de schiste sont de nouvelles filières énergétiques en plein développement. Technologies récemment mises en place au Canada et aux États-Unis, elles ont été tout aussitôt décriées par les mouvements de protection de la nature et de l’environnement. Il semblerait que la France et plus généralement l’Europe soient le nouvel Eldorado des exploitants et professionnels du gaz avec un potentiel estimé de 3000 à 12000 milliards de m3, soit le doublement des réserves de gaz européen conventionnel.

Le pétrole de schiste est similaire à du pétrole conventionnel. Les techniques d’exploration et d’exploitation sont les mêmes que celles utilisées pour le gaz de schiste.

En quoi consiste la technologie ?

Contrairement au pétrole conventionnel, l’exploitation du pétrole de schiste nécessite une technique appelée " fracturation hydraulique". Elle consiste en un premier forage vertical profond ( 1000 à 3000 m de profondeur), poursuivi par un forage horizontal dans les gisements de schiste où sont enfermées des poches de gaz. Pour les libérer, il convient de fracturer la roche en injectant de grandes quantités d’eau additionnées de produits chimiques et de micro-billes pour maintenir ouvertes les failles. Le pétrole est ensuite capté par des puits assez rapprochés les uns des autres. A la surface, il est stocké puis transporté dans des camions.

Quelles conséquences sur l’environnement ?

La technologie et les moyens mis en œuvre pour l’exploitation de ce pétrole ont des conséquences non négligeables sur l’environnement.

Sur l’eau :

10000 à 15000 m3 d’eau sont nécessaires par puits. Seulement une partie de cette eau chargée de produits chimiques pour la fracturation est récupérée, 10 à 50% des boues ne pourraient pas être traitées.

On retrouve dans ces boues des composés d’origine anthropique utilisés pour le forage et d’autres d’origine naturelle issus de l’exploitation du forage. Un certain nombre de ces composés ont un pouvoir cancérigène. Le traitement des ces boues nécessiterait des usines ayant des capacités de traitement chimique inhabituel et dans des quantités importantes. Ce que peu de stations d’épuration sont capables de réaliser. Les boues sont donc stockées dans de vastes bassins en attente de traitement.

Une turbidité de l’eau des aquifères est généralement constatée lors des opérations de forage. Celle-ci peut contenir des métaux lourds et des composés chimiques toxiques.

Il existe peu de données et de littérature sur la contamination de la nappe phréatique en phase d’exploitation normale. Le faible retour sur expérience de ce type d’exploitation oblige à ne pas exclure le risque de contamination : en fracturant la roche, une partie du pétrole et des produits chimiques s’échappant dans le sous-sol ne risquent-ils pas d’atteindre la nappe phréatique ?

Sur la qualité de l’air :

Il est évident qu’il y a un risque de pollution de l’air par les engins utilisés pour les phases d’exploration et d’exploitation (moteur diesel) avec émission de composés organiques volatils (COV). Cependant il est impossible de préciser ce risque par manque de données sur les conditions d’exploitation.

Sur les risques industriels :

Des accidents (légers ou graves) lors des phases d’exploration et d’exploitation ont été constatés. Des mesures urgentes sont mises en œuvre aux États-Unis et au Canada, notamment proches des zones urbanisées. Le manque d’expérience des entrepreneurs dans ces nouvelles techniques concourt à l’augmentation des risques.

Sur la qualité de vie :

Des nuisances sur la vie en général sont également constatées avec une augmentation du trafic routier, du bruit, de la lumière, des vibrations engendrés par les travaux. Ce qui engendre un sentiment de vaste chantier permanent : ballet incessant de camions, dès que l’exploitation d’un puits arrive à son terme, un autre doit être ouvert un peu plus loin.

Sur la rentabilité économique :

Des doutes sont émis sur le rapport entre le coût d’extraction et d’exploitation et la quantité de la ressource à extraire aléatoire : eau, produits chimiques, béton. Les pouvoirs publics seront également amenés à engager des travaux coûteux pour répondre aux besoins des chantiers et de la population : infrastructures routières, gestion de l’eau.